
La question du chasseur multirôle F-35 réapparaît. Cette fois-ci en Suisse. Cet avion de cinquième génération, dont son constructeur, Lockheed Martin, n’a pas assez de mots dithyrambiques pour le qualifier défraie une fois encore la chronique.
C’est un reportage de la télé suisse qui pointe du doigt divers aspects de l’acquisition de cet avion par la Confédération helvétique. On y retrouve ce qui est inhérent à tout avion, à savoir le rallongement des délais, les mauvaises « surprises » techniques mais avec le F-35 tout semble prendre des proportions bien supérieures.
Le plus inquiétant n’est pas le fait que les Etats-Unis aient fait pression sur les pays acquéreurs en jouant de leur prééminence stratégique. On a envie de dire que c’est de bonne guerre. N’importe quel pays producteur qui disposerait d’un statut de puissance régionale voire mondiale en ferait tout autant.
Que les capacités « mirobolantes » soient en réalité bien en-deçà de ce qui est vanté par l’avionneur US n’est pas non plus une vraie surprise.
Il y a un souci véritable d’indépendance dans l’emploi souverain de l’appareil. Le gouvernement américain pouvant rechigner à donner les réactualisations logicielles ou l’accès satellitaire nécessaires pour opérer correctement.
Un autre problème est explicitement décrit par Oddmund Hammerstad, ancien ministre adjoint de la Défense de Norvège : les coûts d’achat et d’entretien pèsent sur l’ensemble des moyens budgétaires alloués à leur défense par les Etats qui s’en sont équipés tel un coucou qui prendrait tellement de place que tous les autres programmes militaires seraient impactés si ce n’est avortés.
Il est triste de constater que nombre de pays européens se soient précipités ou aient accepté de céder à l’amicale pression de l’Oncle Sam à un moment où la sécurité de notre continent est remise en cause par l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin et par le retour à la Maison Blanche d’une approche isolationniste transactionnelle dogmatique.

Il y a pourtant de la place pour des appareils (Eurofighter, Gripen, Rafale) qui préservent le tissu industriel, le savoir-faire et l’emploi européens et qui ne représentent pas un puit sans fond pour les budgets des pays acquéreurs.
A l’aune des événements récents nous devrions encourager les dirigeants, à commencer par la Commission européenne qui vient de se doter un commissariat à la Défense, à se montrer plus vigilants voire catégoriques : pas de F-35 pour l’Europe !
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